HISTORIQUE
L’origine remonte à l’année 1685. Sur un terrain inculte donné par le seigneur de Maureilhan, le frère Armand, de l’ordre de Saint Paul et de Saint Antoine, obtient l’autorisation du vicaire général de Béziers d’y construire un lieu de culte. Le frère Armand va passer trois années à édifier un ermitage avec sa chapelle qui sera inaugurée par le curé de Maraussan en 1688. C’est certainement à cette occasion qu’elle fut dédiée à Notre-Dame de la Providence. Après la mort du frère Armand en 1705, quatre autres ermites continueront à occuper le site. Dès sa construction la chapelle devient un lieu de culte pour les Maraussanais. Messes, mariages et processions y sont organisés. Notre-Dame de la Providence prend de plus en plus d’importance et sa renommée va s’étendre dans toute la région. La Révolution française va déclarer Notre-Dame de la Providence bien national et la mettre en vente. Le nouveau propriétaire s’en sert de grange et ne fait aucun entretien. C’est le curé de Maraussan, aidé par les offrandes des paroissiens, qui va racheter en 1831 le sanctuaire pour éviter sa disparition. Après quoi il en fait donation à la commune de Maraussan en 1832.
EXTÉRIEUR
La bâtisse
À l’origine le sanctuaire était constitué d’une petite chapelle attenante à la cellule de l’ermite, l’actuelle sacristie. La bâtisse que nous voyons aujourd’hui résulte de la reconstruction, au milieu du XIXe siècle, nécessitée par un état de dégradation de l’édifice proche de la ruine. Ce fut l’occasion de l’agrandir en lui donnant une capacité d’accueil suffisante pour les cérémonies religieuses. Depuis elle a subi une importante rénovation en 1988 complétée par une restauration en 2014.
L’entrée et le parvis
L’entrée située sur la façade sud-ouest est constituée d’une ouverture en pierre de taille de forme néogothique et d’un portail à deux vantaux. Il est surmonté d’un tympan ajouré sur lequel est fixée une couronne comportant un monogramme avec les lettres A et M, superposées. Ce sont les initiales d’Ave Maria pour bien spécifier qu’il s’agit d’un lieu dédié à Marie. Au-dessus, un vitrail circulaire éclaire l’intérieur de l’édifice. Sur le parvis en galets de rivière, deux cyprès, aussi hauts que la bâtisse, encadrent l’entrée donnant à la chapelle un caractère particulier reconnaissable de tous.
INTÉRIEUR
En pénétrant dans la chapelle on découvre une décoration très XIXe siècle, connue sous le nom d’Art Sulpicien qui remonte aux années 1830-1880. À cette époque, on cherche à ressusciter un art religieux authentique en s’inspirant de l’art médiéval dans le but de restaurer la foi. Il va donc se caractériser par un retour à toutes les représentations religieuses du Moyen Âge sous la forme d’une riche ornementation. On trouve ici de nombreux éléments de cet art avec le ciel bleu étoilé, la mosaïque au sol, les appuis au bas des arcs des voutes représentant des animaux fabuleux de l’époque médiévale et les personnages du statuaire, spécifiques de cette époque.
La nef
Elle est de forme rectangulaire, sans chapelles latérales, avec le chœur en prolongement direct.
La voute est constituée de trois croisées d’ogives à doubleaux et d’arcs diagonaux qui se croisent sur une clé de voute formant un motif circulaire décoré. Les arches se rejoignent à leur base sur des culs-de-lampe à motifs sculptés. Les parois latérales sont percées chacune d’une ouverture en ogive avec un vitrail. Au-dessus du portail d’entrée une ouverture circulaire sert de support à une rosace en vitrail.
Le bas des parois latérales est habillé d’un sous-bassement en bois cloisonné par des colonnettes et surmonté d’une moulure. Quatre statues sont posées sur des consoles fixées sur les parois latérales. À droite en entrant, Sainte Germaine et le Sacré-Cœur-de-Jésus, en face, la Vierge-Marie et Joseph avec l’Enfant-Jésus. Dans les angles des retours entre la nef et l’arche du chœur, Saint Roch et Saint-Marc. Sur la paroi du fond on peut voir la statue de Saint-Antoine de Padoue et le bénitier. Un ensemble de bancs et de chaises disposés de part et d’autre d’une allée centrale permet de recevoir les fidèles. La nef est séparée du chœur par une arche en ogive avec à son sommet le blason de Maraussan tenu par deux anges allongés. Le sol est constitué de mosaïques à tesselles blanches, rouges et noires formant des motifs géométriques.
Les vitraux
La rosace au-dessus du portail d’entrée, comporte un cercle central sans motif, entouré de quatre lobes à représentations florales. La disposition du bâtiment permet au soleil couchant de laisser pénétrer ses rayons à travers le vitrail et d’illuminer l’intérieur de multiples couleurs. Sur le plan symbolique, la forme de la rosace donne une équivalence entre la réalité cosmique circulaire et sa traduction théologique de perfection rayonnante et lumineuse.
Les ouvertures des parois latérales sont munies de vitraux de même composition. Ils se différencient uniquement par le monogramme central. Celui de gauche comporte la lettre H surmontée d’une croix. C’est le monogramme de Jésus qui est normalement JHS (en latin : « Iesus Hominum Salvator ») que l’on peut traduire par Jésus sauveur des hommes. Seule la lettre centrale et la croix ont été représentées. Celui de droite comporte le monogramme AM avec les deux lettres superposées, comme le tympan du portail. C’est la Vierge-Marie qui est ici rappelée. Les deux monogrammes sont inscrits dans un cartouche à six branches enroulées. Les lignes symbolisant le rayonnement divin et la couleur jaune d’argent en dégradés permet d’illuminer les inscriptions. Autour, sont représentées des roses correspondant au symbole marial, sans épines, car elle a été conçue sans péchés. Dans la religion chrétienne, le rosier symbolise de la grâce et de l’amour divin.
Le chœur
Il est plus étroit et moins haut que la nef. La transition se fait par un arc brisé décoré dans ses parties cintrées. La voute est d’un seul tenant jusqu’au sous-bassement en bois. Elle est entièrement peinte en bleu avec des étoiles dorées semblables au plafond de la nef. Une marche en marbre surmontée d’une grille en métal assure la séparation. Le sol est recouvert de mosaïques à motifs floraux.
L’autel et la gloire
L’autel en marbre blanc, avec son tabernacle, porte sur son socle le monogramme AM. Au-dessus, une gloire illumine le mur du fond. Elle est constituée d’une alvéole centrale dans laquelle est déposée une statue de la Vierge. Autour, un halo de nuages forme une auréole d’où émergent des têtes d’angelots et d’où partent des rayons dorés donnant l’illusion de jets lumineux. Une ouverture dans la toiture apporte la lumière du jour sur la statue. La gloire dans l’art sacré est une décoration signifiant la présence de Dieu symbolisée par des rayons divins. Cette gloire est composée d’anges qui entourent la Vierge.
La sacristie
À droite de l’autel, une petite porte intégrée dans le sous-bassement permet d’accéder à la sacristie.
Cette pièce est située derrière le chœur sous une toiture plus basse que la chapelle, ce que l’on peut constater de l’extérieur. Elle est éclairée par une ouverture unique. Contre le mur de séparation avec le chœur, un escalier permet d’accéder par l’arrière à l’alvéole de la gloire et à la statue de la vierge. À l’origine le local était la cellule de l’ermite. Lors de la restauration du milieu du XIXe siècle, elle a été réunie à la nouvelle chapelle pour doter le sanctuaire d’une sacristie.
Sur le sol d’origine, il y avait une croix qui a été reproduite à l’identique sur la dalle en ciment actuelle. Les archives précisent qu’un des ermites a été enterré en 1714 sur le site. On peut supposer qu’elle correspond à sa sépulture.
La vie de la chapelle
La chapelle continue aujourd’hui d’être un lieu de célébrations religieuses à l’occasion de fêtes ou de manifestations. Elle est aussi pour de nombreux randonneurs une étape et pour les amoureux de la nature la garantie d’y trouver un cadre propice à la sérénité.
Page réalisée avec l’association Art Histoire et Nature.